Quelles sont les conséquences de l'élection de Trump pour le climat ? Je commencerais volontiers par le positif. Mais il ne faut pas faire semblant : L'élection d'un climato-négationnistes à la présidence de la plus puissante démocratie du monde ne présente aucun avantage. Néanmoins, ce blog se terminera par trois messages d'espoir - promis !
Politique environnementale aux États-Unis
Certains affirment que Trump ne pourra pas inverser les progrès de la technologie des énergies renouvelables et que le parti républicain et ses membres se montrent également intéressés par de tels progrès. Le Texas, certes, fait partie des précurseurs. Mais ce qui compte au final, ce n'est pas le développement des capacités de production des énergies renouvelables, mais la rapidité avec laquelle l'utilisation des énergies fossiles cessera. Et c'est précisément pour que cela ne se produise pas avant longtemps que de nombreux politicien·ne·s républicains s'engagent, y compris au Texas.
Les États à majorité républicaine profitent plus que la moyenne de la loi de Joe Biden sur le climat, l'Inflation Reduction Act. Trump devrait donc avoir intérêt à reconduire cette loi, du moins en partie. Cependant, cette loi est l'une des grandes réussites de Biden, tant détesté par Trump. Ce dernier se laisse guider par le ressentiment et non par des considérations d'intérêt objectives. Le gouvernement Biden tente désormais de sauver ce qui reste à sauver.
(Il faut toutefois préciser que les États-Unis ont également augmenté leur production de pétrole et de gaz sous les présidents démocrates Biden et Obama).
Comme d'habitude, mais en pire
La politique de Trump est bien connue depuis son premier mandat, mais depuis, elle s'est encore plus radicalisée. Il n'a plus de personnes dans son entourage pour le freiner et, en plus des deux chambres du Congrès, il peut désormais compter sur une majorité favorable à ses idées à la Cour suprême. De plus, la situation géopolitique est bien plus grave qu'entre 2016 et 2020 et la crise climatique s'est encore aggravée. Peut-être que le cauchemar prendra fin dans quatre ans – mais quatre ans c'est long, quand on n'a plus de temps. Ce qui demeure incertain, c'est la volonté de Trump, en 2028, à céder sa place à une succession démocratiquement élue.
Trump ne se contentera pas simplement de démanteler la politique environnementale américaine, de nommer des climato-négationnistes et des lobbyistes industriels à des postes clés et de renforcer la répression contre les mouvements de résistance. Il s'attaquera également aux sciences climatiques.
Le think tank d'extrême droite Heritage Foundation a présenté en 2023 un plan stratégique pour une révolution trumpienne : le Project 2025 (Trump affirme n'en avoir jamais entendu parler). Ce document long de 900 pages parle d'« extrémisme climatique » et veut démanteler la célèbre National Oceanic and Atmospheric Administration. Les experts estiment qu’une mise en œuvre conduirait à l'émission de quatre milliards de tonnes de CO2 supplémentaires et à la suppression de plus d'un million de postes d'emplois.
La politique climatique mondiale
Tout d'abord, il manque tout simplement un pays très important dans la politique climatique mondiale si Trump dénonce - pour la deuxième fois - l'accord de Paris (le fait que même le chef d'Exxon lui demande de ne pas le faire n'impressionnera pas Trump). L'élection de Trump aura également un impact sur la diplomatie climatique en tant que telle, comme le montre la conférence climatique COP29 qui se déroule actuellement à Bakou (Azerbaïdjan). La possibilité que les autres états se mettent d'accord d’agir « maintenant plus que jamais » est très improbable - la situation géopolitique est trop tendue. Trop de gouvernements devraient se réjouir, ouvertement ou non, de la victoire de Trump. En effet, pratiquement aucun pays n'est encore sur la bonne voie pour mettre en œuvre l'accord de Paris.
Le grand sujet de la conférence à Bakou est le financement climatique. Sous Trump, les États-Unis refuseront de cofinancer la lutte contre la crise climatique, que leur président considère comme une imposture, dans les pays plus pauvres. La conférence sur la biodiversité, qui s'est tenue fin octobre en Colombie, a déjà échoué sur ce point.
Politique climatique en Suisse
Les objectifs climatiques et les mesures déjà décidées par la Suisse sont indépendants des élections étrangères ; ils sont inscrits dans la loi sur le CO2 et dans la loi climat, ainsi que dans les traités internationaux. Mais du point de vue de l'atmosphère, la présidence de Trump aura également un impact dans un pays où la politique climatique est entre les mains d'un ancien lobbyiste du pétrole et de l'industrie automobile qui, avant l'élection, « penchait plutôt pour Trump. » L'excuse de ne rien vouloir faire tant que les Etats-Unis ne font rien non plus deviendra plus attrayante. Sur le plan financier, la Suisse s'est jusqu'à présent beaucoup trop peu engagée en faveur d'une répartition équitable des charges climatiques au niveau mondial et, en ces temps d'austérité générale, on ne peut pas s'attendre à une volonté de s'engager davantage. La position ignorante des Etats-Unis sur cette question ne sera certainement pas une motivation supplémentaire.
De l'espoir
Mais pour finir, comme promis, quelques mots d'espoir :
- Le jour des élections, l'Etat de Washington a également voté sur une initiative populaire visant à abolir un système qu’on appelle le « Cap and Trade » d’émissions de CO2. Cette mesure donne un prix au CO2 et rapporte ainsi des revenus que l'Etat consacre à la protection du climat. 62 % ont voté contre cette initiative, s'engageant ainsi à respecter l'une des lois climatiques les plus strictes des États-Unis.
- Le blog « Waging Nonviolence » cite « des raisons de croire qu'un nouveau cycle de mouvement social peut émerger pour s'opposer au trumpisme. »
- Katherine Hayhoe, climatologue à la Texas Tech University, appelle à garder espoir. Pour cela, il faut certes commencer par accepter la dure réalité. Ensuite, nous devrons nous rassembler pour lutter tous ensemble et développer des solutions qui bénéficieront à l'humanité comme à la planète.
Le plus simple serait de renoncer maintenant. Mais nous ne devons pas accorder ce triomphe à Trump, ni à ses admirateur·rice·s dans notre pays. Comme l'a dit Kamala Harris, la perdante du scrutin, au lendemain des élections : « N'abandonnez jamais. Ne renoncez jamais. Ne cessez jamais d'essayer de faire de ce monde un endroit meilleur. »